République de Corée
L’occidentalisation, la modernisation et l’industrialisation des années 1960 ont incité la République de Corée à s’inspirer du dispositif de protection du patrimoine culturel immatériel (PCI) créé par le Japon en 1950. Le Centre international d’information et de travail en réseau sur le patrimoine culturel immatériel dans la région Asie-Pacifique (ICHCAP) a été inauguré à Daejeon en 2011. Le Plan directeur quinquennal de préservation, de gestion et d’utilisation (2012-2016) élaboré par la CHA prend en compte la sauvegarde du PCI.
Sommaire
La loi nº961 relative à la protection du patrimoine culturel
Le 10 janvier 1962, la République de Corée a adopté la loi nº961 relative à la protection du patrimoine culturel[1]. La loi nº961 désigne le PCI comme une des composantes du patrimoine culturel[2][3]. La loi nº961 du 10 janvier 1962 relative à la protection du patrimoine culturel inclut dans la catégorie des monuments naturels les animaux comprenant leur habitat, les espaces où ont lieu leur reproduction, les routes de migration) et les plantes[4].
La définition du PCI
Les détenteurs d'éléments du PCI
Les éléments du PCI qui possèdent une valeur historique, scientifique ou artistique peuvent être désignés comme PCI important[7]. En parallèle de la désignation du PCI important, une ou plusieurs personnes physiques ou morales, sont reconnues comme détenteur (boyuja)[8]. En langage courant les détenteurs sont désignés par l’expression in-gan munhwahje, bien culturel humain. La désignation d’un détenteur d’un PCI important lui est notifiée par lettre officielle[9]. La désignation fait aussi l’objet d’une publication au Journal officiel[10]. Des détenteurs supplémentaires peuvent être désignés après la première désignation[11]. Si un détenteur n’est pas en mesure de transmettre son savoir-faire ou son art alors il est reconnu comme détenteur à titre honorifique[12].Le retrait du titre de détenteur d'un élément du PCI
Le titre de détenteur d’un PCI important peut être retiré si :
- la santé physique ou mentale du détenteur ne lui permet plus d’accomplir la charge liée au titre de détenteur ;
- une condamnation à été prononcée à son encontre en relation avec une exposition, une représentation, etc. de l’art traditionnel pratiqué ;
- le détenteur émigre ou acquiert une nationalité étrangère (art. 31(2) de la loi nº961).
La désignation de l’élément du PCI important peut être annulée si l’ensemble de ses détenteurs décèdent[13]. Le retrait du titre de détenteur et l’annulation de la désignation d’un élément du PCI important sont notifiés aux intéressés et publiés au Journal officiel[14].
Les obligations liées au titre de détenteur d'un élément du PCI
Le détenteur d’un élément du PCI important doit enseigner et transmettre ses savoir-faire et son art[15]. Il doit au moins une fois par an rendre accessible au public le PCI important qu’il maîtrise[16]. L’État peut octroyer des subventions à cette fin[17]. L’État attribue une aide financière aux détenteurs d’environ 100 000 wons par mois, et une bourse pour les apprentis[18]. L’État peut mettre des locaux à disposition des détenteurs pour les activités de transmission et de formation[19]. Les détenteurs bénéficient d’autres privilèges, par exemple, des soins médicaux gratuits. L’État dispose aussi d’un budget pour acquérir des œuvres artisanales.
La formation dispensée par les détenteurs dure trois ans. Les détenteurs recrutent des apprentis débutants. Les meilleurs apprentis obtiennent une bourse du gouvernement. Un examen administré par les détenteurs marque le passage au niveau avancé de la formation. Les apprentis de niveau avancé peuvent devenir assistants s’ils font preuve d’un talent exceptionnel. Les assistants forment les apprentis et reçoivent en échange un salaire du gouvernement.
L'inventaire du PCI coréen

Crédits : Srgpicker via Flickr
Les provinces et les villes désignent le PCI important local. Les critères de désignation sont fixés par ordonnance. La loi nº961 relative à la protection du patrimoine culturel régit ces ordonnances. La collectivité locale approuve la désignation d’un élément du PCI.
L'organisme compétent pour la sauvegarde du PCI
L’organisme compétent pour la sauvegarde du PCI est l’Administration du patrimoine culturel de la Corée (CHA). Au sein de la CHA, la division du PCI est chargée de la sauvegarde et de la transmission du PCI. La division des affaires internationales de la CHA développe la coopération et les échanges internationaux en matière de PCI.
La procédure d'inventaire du PCI
La désignation d’un élément du PCI important et de ses détenteurs se déroule en sept étapes :
1. une organisation locale, le directeur du patrimoine culturel ou les porteurs de l’élément du PCI soumettent une candidature ; 2. une commission d’étude composée de plus de trois experts du domaine du PCI concerné procèdent à une étude sur le terrain de l’élément ; 3. la commission d’étude rédige un rapport qui évalue la candidature par rapport aux critères de désignation des éléments du PCI ; 4. le Comité du patrimoine culturel examine la candidature et délibère sur la validité de la candidature ; 5. le Journal officiel dans un délai de 30 jours publie un avis d’inscription de l’élément ; 6. la Commission du patrimoine culturel décide d’inscrire ou non l’élément ; 7. la décision finale d’inscription est notifiée aux candidats par le Journal officiel.
Les critères d'inscription
Trois critères principaux déterminent la désignation d’un élément du PCI :
- la valeur du patrimoine ;
- la capacité de transmission ;
- le contexte de transmission.
Chaque critère se décompose en plusieurs indices. La valeur du patrimoine se divise en valeur historique, scientifique, artistique et en caractéristiques locales spécifiques. La capacité de transmission se ventile en techniques de transmission et activités de transmission. Enfin, le contexte de transmission se repartit en conditions, base et désir de transmission. Les experts évaluent ces critères à l’occasion de l’enquête de terrain sur l’opportunité d’inscrire un élément du PCI.
La structure de l'inventaire du PCI
L’organisation de l’inventaire se fait par ordre chronologique des désignations. Les éléments sont classés en deux catégories : les éléments nécessitant une revitalisation et les éléments menacés de disparition. La politique de sauvegarde varie selon la classification des éléments du PCI entre ces deux catégories.
Les détenteurs cèdent les droits d’auteur sur les données présentes dans l’inventaire. La cession permet une meilleure diffusion et une réutilisation accrue des données.
L’inventaire est mis à jour régulièrement. Il est contrôlé tous les cinq ans par l’Institut national de recherche sur le patrimoine culturel qui agit alors sur délégation de la CHA.
Annexes
Notes et références
- ↑ jung-yo muhyong munhwajae, modifiée en dernier lieu par la loi nº10000 du 4 février 2010)
- ↑ art. 2(1) 1 de la loi nº961
- ↑ La loi a fait l'objet d'un décret d'application, d'un règlement d'application et d'un règlement concernant la désignation du PCI important, la reconnaissance des détenteurs et la sélection des assistants.
- ↑ art. 2(1) 3.c
- ↑ art. 2(1) 1 de la loi nº961
- ↑ art. 2(1) 4 de la loi nº961
- ↑ art. 24 de la loi nº961
- ↑ art. 24(2) de la loi nº961
- ↑ art. 29 de la loi nº961
- ↑ art. 28 de la loi nº961
- ↑ art. 24(3) de la loi nº961
- ↑ art. 24(4) de la loi nº961
- ↑ art. 31(3) de la loi nº961
- ↑ art. 31(5) de la loi nº961
- ↑ art. 41(2) de la loi nº961
- ↑ art. 50(1) de la loi nº961
- ↑ art. 50(3) de la loi nº961
- ↑ art. 41(3) de la loi nº961
- ↑ art. 41(3) de la loi nº961
Bibliographie
- CHO, Thyojung, « Fermentation of intangible cultural heritage : interpretation of kimchi in museums », Museum Management and Curatorship, 2013, vol. 28, nº2, pp. 209-227.
- CHUNG, Yun Shun Susie, « Seoul, Korea : its concept of culture and nature in heritage planning », International Journal of Heritage Studies, 2005, vol. 11, nº2, pp. 95-111.
- Cultural Heritage Administration (South Korea), Important Intangible Cultural Heritage: Beautiful Life, Korean Traditional Crafted Works, 길잡이미디어, 2010, 243 p.
- FEILONG Chen, AIKAWA-FAURE Noriko, OHNUKI Misako, Le patrimoine culturel immatériel à la lumière de l’Extrême-Orient, Arles : Actes Sud, (collection « Internationale de l’imaginaire », nº24), 2009, 118 p.
- HOWARD, Keith, « En Corée, pas de retour après la mort si ce n’est dans un Trésor culturel intangible », Cahiers de musiques traditionnelles, 1990, vol. 3, pp. 119-139.
- JONGSUNG, Yang, Cultural protection policy in Korea : intangible cultural properties and living national treasures, Edison ; Seoul : Jimoondang, 2003,166 p.
- JONGSUNG, Yang, « Korean cultural property protection law with regard to Korean intangible heritage », Museum International, 2004, vol. 56, nº1-2, pp. 180-188.
- KANG, Yong-Un, La protection du patrimoine culturel immatériel en Corée du Sud, Mémoire de Master 1 : Université Paris IV : 2010, 119 p.
- LEE, Joo-Suk, « Measuring the benefits of the Intangible Cultural Heritage Hall in Jeonju Korea: Results of a Contingent Valuation Survey », Journal of Cultural Heritage, 2015, vol. 16, nº2, pp. 236-238.
- SEONG-Yong PARK, On Intangible Heritage Safeguarding Governance : an Asia-Pacific Context, Newcastle upon Tyne : Cambridge Scholars Publishing, 2013, 212 p.
- WANG, Li, La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel – son application en droits français et chinois, Paris : L’Harmattan, 2013, 517 p.
- YIM, Dawnhee, « Le système des Trésors humains vivants et la protection du patrimoine culturel immatériel : expériences et enjeux », Les nouvelles de l’ICOM, 2004, nº4, pp. 10-12.
Liens externes
- Encyclopédie numérique collaborative consacrée au PCI (en anglais)
- Présentation des éléments du PCI coréen inscrit sur les Listes tenues par l'Unesco
- Publications de l'ICHCAP
- Vidéo sur le kimchi disponible sur la plateforme numérique Canal U